Co-entrepreneur

RE 2020 : Présentation et analyse

Vendredi 03 décembre 2021
Secteur : 
Bâtiment
Auteur : 
Benjamin KARRAS

Article complet avec illustrations sur le site de SECO : https://seco.eco/2021/12/03/re-2020-presentation-et-analyse/

Nous sommes en combat quotidien pour limiter l’ampleur du dérèglement climatique. Le GIEC l’a dit et démontré : chaque dixième de degré compte, on peut encore espérer et éviter le pire. Le combat continue.

Dans cette bataille, il convient de saluer les avancées et progrès quand ils arrivent. La RE2020 en fait partie. Certes, on peut toujours faire mieux. Des absurdités subsistent. Mais cette Règlementation Environnementale a le mérite d’introduire une (petite) révolution dans l’acte de construire. On vous explique pourquoi.

Présentation

Cette nouvelle règlementation remplacera la RT 2012 à partir du 1er janvier 2022 (pour les maisons et logements collectifs dans un premier temps). Les autres typologies de bâtiments attendront encore un peu … Pour y être conforme, les projets devront notamment valider 6 indicateurs. Parmi ceux-ci, on retrouve des éléments qui rappellent la RT 2012 (Bbio, Cep, Tic). Mais les méthodes de calcul ont évolué et les exigences sont plus contraignantes. De nouveaux indicateurs sont créés, dont le calcul de l’empreinte carbone.

Les indicateurs

1/ Le Bbio est un calcul destiné à valider la bonne prise en compte des principes fondamentaux de l’architecture bioclimatique dans la conception. On étudie notamment les orientations, la compacité, l’enveloppe (surfaces, compositions, isolants), les surfaces vitrées. Le résultat du calcul est exprimé en points et il ne faut pas dépasser un seuil maximal. Et si le Bbio version RT 2012 était assez simple à respecter (une isolation intérieure de 12 cm pouvait suffire), le nouveau seuil maximal sera revu à la baisse : de -20 à -30% selon les projets. Il va donc falloir isoler d’avantage, et surtout respecter les principes de la conception passive.

2/ Les Degrés-Heures : ce nouvel indicateur sert à mesurer l’inconfort en période estivale. Il s’agit de calculer le nombre d’heures d’inconfort, mais aussi leur intensité (un dépassement de 3°C par rapport à la limite haute est trois fois plus pénalisant qu’un dépassement de 1°C). Il sera calculé avec une Simulation Thermique Dynamique, sur la base d’un fichier météo caniculaire et avec une occupation des bâtiments en plein mois d’août : ça commence donc à chauffer ! Pour respecter les seuils règlementaires (surtout en zone méditerranéenne) il faudra prévoir et concevoir des outils pour se protéger de ces surchauffes et éviter (ou limiter) le recours à la climatisation (protections solaires, inertie, ventilation mais aussi des solutions passives comme les brasseurs d’air ou les puits provençaux).

N.B. : Ces deux premiers indicateurs (Bbio et DH) seront à fournir pour le dépôt du PC. Et beaucoup de villas en construction traditionnelle (comprendre briques et ITI) qui respectaient la RT 2012 ne pourront pas passer avec succès ce premier test de la RE 2020. Sauf si SECO vous accompagne en amont, dès les premiers coups de crayons. Ce qui est d’ailleurs bien plus cohérent. Amis et collègues architectes, merci de nous contacter bien avant le dépôt du PC.

3/ Le Cep ou Consommation d’Energie Primaire. Il existait déjà en RT 2012, le revoilà. Avec tout de même quelques modifications. Comme le coefficient de conversion entre énergie finale (celle qui est comptabilisée et facturée) et énergie primaire (énergie puisée dans les ressources limitées de notre planète), qui passe de 2,58 à 2,3 pour le vecteur électricité, qui est ainsi favorisé. La Pompe à Chaleur (PAC) sort gagnante de cette nouvelle règlementation. Des enjeux politiques se cacheraient-ils derrière tout ceci ?!

4/ Le Cepnr, ou Consommation d’Energie Primaire Non Renouvelable. Il s’agit de la partie du Cep qui n’est pas produite par des énergies renouvelables (solaire thermique, photovoltaïque, biomasse, géothermie). Celle-ci ne doit pas dépasser un certain seuil, et c’est tant mieux !

5/ Ic construction : l’impact sur le changement climatique de votre construction, calculé en kg de CO2 / m². Voilà une vrai révolution. Car il faut savoir que si l’on calcule l’empreinte carbone d’une maison et de son exploitation, la construction représente souvent plus de la moitié du résultat. D’où l’intérêt de s’attaquer à ce sujet. Car il nous faut réduire nos émissions carbones, et vite. Pour réaliser cette Analyse de Cycle de Vie, nous devrons connaitre et renseigner tous les matériaux nécessaires au projet (des m3 de béton dans les fondations à l’isolation de la toiture en passant par le choix de vos menuiseries). Et il va sans dire que les matériaux biosourcés sont donc les bienvenus, même s’ils sont encore difficilement valorisés (la réalisation de fiches de Déclaration des Performances Environnement coûte cher, ce coût étant bien plus difficile à supporter pour un fabricant d’isolant en paille de riz que pour Saint Gobain, leader de la laine de verre). Mais n’oublions jamais le bon sens et le graphique ci-dessous permet de visualiser l’impact carbone de différentes matériaux d’isolation et est issu de l’excellent travail de l’association Arcanne

6/ Ic énergie : Impact sur le changement climatique des consommations d’énergie. Indicateur destiné à rendre compte des émissions carbones des énergies consommées. En pratique, il est surtout voué à éliminer le chauffage gaz pour les constructions neuves.

PS : Nous ne balayons ici que les principes généraux. Tous ces éléments font l’objet de méthodes de calculs complètes et fastidieuses et il nous a semblé opportun de ne pas vous encombrer l’esprit avec cela. Nous sommes cependant disponibles pour plus de précisions si nécessaire.

Les conséquences et nos interprétations

La règlementation n’est pas et ne sera jamais un outil de conception intelligent et efficace. Elle ne sert qu’à orienter le monde du bâtiment dans une direction. Et il s’agit de la bonne direction, mais il faudrait aller encore plus loin et avancer plus vite (rappelons à titre d’exemple que la construction d’une piscine chauffée n’est pas comptabilité dans ce calcul règlementaire !). Alors, n’oublions jamais le bon sens, qui doit toujours primer et peut se décliner dans les trois préceptes suivants :

1/ La sobriété avant tout. Arrêtons de construire toujours plus de surface avec moins de qualité. Faut-il vraiment construire ? Quel est mon besoin ? N’est-il pas possible de rénover plutôt que de démolir et reconstruire ? Beaucoup trop de projet sont conçus et construits avant même de savoir qui va vivre et habiter le lieu. Cette absurdité doit cesser.

2/ Favorisons les biosourcés. Saviez vous qu’un mur en ossature bois est simple à réaliser ? Et qu’un isolant comme la ouate de cellulose est fabriquée à partir de journaux recyclés ? Ou alors qu’il est aussi possible d’utiliser des bottes de pailles pour isoler des murs, ça ne coûte pas cher et ça marche très bien ! Alors, pourquoi ne pas tenter d’introduire plus d’écologie dans vos projets ?

3/ Travaillons ensemble pour une conception réussie. Nous apprécions apporter notre contribution et notre expertise dès les premières réflexions. On s’assoie, on discute, on boit un café et on avance ! Envie d’en savoir plus ? Contactez nous !